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Marion Rhéty · Mary Chebbah · Bérengère Valour

Une recherche en médiation.

Incitation à regarder sous toutes les coutures les liens entre danse, livre et petite enfance.

Et à interroger en sous-main ce vaste mot de « médiation » : relier quoi à quoi, à qui, comment, pourquoi, selon quelles préconceptions.

Biographie de l'artiste

Marion Rhéty

Formée à l’école nationale de musique et de danse de Mâcon en violon et en danse contemporaine, puis au conservatoire de Lyon en danse contemporaine, et parallèlement en histoire et histoire de la danse (Lyon 2, Paris 1, ULB), elle chemine en danse comme interprète pour des compagnies belges et françaises (cie Libentere, cie Meta, cie Visions croisées, Kenzo Kusuda, Clara Guémas, Peeping Tom…). Elle poursuit un temps un travail chorégraphique, nourri des expériences du collectif et de l’improvisation, notamment en espace urbain, rural et non scénique (Dans se perdre…, en binôme avec Claire Malchrowicz), mène un travail de réflexion théorique sur la danse et les arts de la scène (revue Agôn, atelier d’histoire culturelle de la danse…), accompagne des créations comme regard extérieur (cie Des Yeux de chien bleu, cie Furor poetico…), s’intéresse à la transmission en tout terrain. Plaçant la danse à l’endroit de la rencontre avec l’autre, elle se nourrit du dialogue entre danse et musique, de la pratique de la marche, ainsi que de la pratique de danses populaires. Elle rejoint la compagnie Gramma en 2017 avec laquelle elle poursuit ses questionnements sur le vocabulaire de la danse contemporaine à tous les étages de son histoire et fait l’expérience de découvrir par le travail au plateau la notation Laban et la façon dont il construit les corps. Passionnée par les traces que laisse la danse, elle initie le projet Mains mailles mailloches avec Alice Boivin, autour de la Danse de la sorcière de Mary Wigman. Ses rencontres avec la cie Alea Citta (Morceau de lune) puis avec Véronique His, cie Libentère (Petits papiers dansés, Papiers dansés) et Enfance et musique l’ouvrent à l’univers de la petite enfance. Elles renouvellent le plaisir des explorations du mouvement, entre observation et réaction, curiosité et invention, dans le partage d’un temps ouvert à l’imprévu.

Mary Chebbah

Croisant formation en danse (CNSMD-Lyon) et cursus universitaire en histoire de l’art/archéologie et socio/anthropologie de la culture (M1-2, DU civilisation arabe), elle réalise depuis plusieurs années un travail autour (et avec) le corps, les mots, l’image, l’expérience esthétique et l’accompagnement dramaturgique. Dans cette croisée de chemins, elle collabore avec différents artistes dont Dominique Bagouet (1989-90), Maguy Marin (1997-2010), Denis Mariotte, ALS_C.Laloy, Wagons libres_S. Iché, Le Petit Travers, Cie Meta_M. Rhéty/F. Gaudin… Équilibre instable_S. Zerbib, mais aussi au cœur de structures telles que le CCN Rillieux-la-Pape (1997-2010), ramdam (1997-2012), Lieues (depuis 2010). Depuis 2005, elle confectionne des objets philographiques (dessins montés en récits édités ou vidéo-animées), des vidéos-tracts (en collaboration scénique ou en bordure), des collages-allégoriques (dont ceux pour la recherche Archéologie sauvage des gestes du solo de l’Élue. Palimpseste d’une interprétationmené par Aurore Després en lien avec l’artiste-interprète Julie Salgues), mène aussi diverses expériences éditoriales : en co-fondant la revue rodéo (2013-16), en intervenant dans d’autres revues (Agôn, Guru et Incise – 2010 > 17), et en rejoignant Quadrille pour collection dançer, éditions d’albums graphiques dédiés à l’art de la danse (publie A contrario v.1 et 2, De pas en pas, Signalétique orchestique, Au pays des démarches contées > 2017-2021). Pour Quadrille, elle porte également avec B. Valour des temps publics (lectures, ateliers, expos et performances pop-ups vivants autour de certains livres dont dançer/danssser#1 !) et créé Oiseau en danse – jeu à danser (édité et co-produit par Format-Ardèche) ainsi que la performance issue d’une enquête esthétique auprès d’enfants et habitants, Ce que les oiseaux nous (2023). Enfin, elle mène des actions de réflexions, de pédagogie, d’expériences esthétiques auprès d’étudiants, de professionnel·les ou curieux d’art, mais également d’enfants dans différents contextes/structures – stages, labos, recherches, rencontres, formations… : Lieues, Subsistances, Science Po Lyon, Univ. Lyon 2, ENS-Lyon…, CND Lyon-Pantin, CCN et CDC, Format, médiathèques, établissements scolaires et de soins…

Bérengère Valour

Formée au CNSMD-Lyon auprès d’Anne Martin, elle danse pour divers artistes (Jérôme Deschamps et Macha Makeieff, Clint Lutes, et Thomas Hicks). Très vite, elle réalise également des pièces et formes scéniques : “.-..” (avec Joris Ruhl, clarinettiste, 2009), Le vœu d’Elias (avec la danseuse/performeuse Riikka Kosola, 2011), Entformen (2012-13), Métamorphoses (pièce in situ, 2014-15) et Omzo-Mozo (pièce jeune public avec la danseuse Jeanne Vallauri, 2015). Parallèlement, elle s’engage vivement dans les actions liées à la notion de transmission/sensibilisation du corps dansant. Dans ce cadre, elle intègre le programme Enfance Art et Langage de Lyon (Résidence d’artiste à l’école maternelle 2006-2010), s’implique également dans différentes expériences et programmes de formation avec le Centre Rezodanse à Alexandrie, l’Institut français du Caire, les Centres chorégraphiques nationaux de Belfort et Rillieux-la-Pape, le Centre National de la Danse de Lyon et Pantin (DE), Format -Ardèche, Les Petits Lieues et stages créatifs de Lieues à Lyon, et diverses écoles ou centres hospitaliers…).

Elle est aussi formatrice en Éveil-Initiation au sein du CND (Lyon et Pantin). Membre fondatrice de l’Association Mâ depuis 2007, elle co-fonde et co-élabore Lieues (depuis 2010), espace de recherche et de partage artistique implanté à Lyon où elle mène entre autres un travail de pédagogie artistique pluridisciplinaire avec pour cœur le corps – auprès des enfants (ateliers réguliers, stage labo d’une semaine…). En 2017 Quadrille la sollicite pour déployer aux côtés de M. Chebbah, collection dançer – collection d’albums graphiques dédiés à l’art de la danse. Dans ce cadre, tout en co-élaborant l’architecture générale, le cœur des axes de création et la diffusion de la collection, elle créé tout particulièrement, pour tous les ouvrages, les mises en jeu qui permettent aux livres d’être « vécus » par un autre biais que la lecture, et travaille actuellement à la création de prochains ouvrages Cas dansant ou une danse sans fin ni début et Corps y es-tu ? ou la petite physique dansée. En parallèle de la création des ouvrages, elle porte/propose des actions autour des livres – lectures, ateliers, rencontres, réflexions, expositions, partages, et performances (pop-up vivants/dansants dont les performances dançer/danssser#1 ! avec M. Chebbah, et circulation dançante avec J. vallauri). Enfin, elle créé en 2021 avec M. Chebbah un jeu de mise en danse (cartes, livrets et vidéos) Oiseau en danse, (édité et co-produit par Format-Ardèche) ; jeu qui s’est prolongé dans la création scénique d’une enquête poétique menée auprès d’enfants et habitants d’Ardèche, pouvant se reproduire dans d’autres territoire., Ce que les oiseaux, nous (2023). Enfin, elle collabore cette saison avec Valeria Giuga – Cie Labkine, pour la pièce jeune public Béaba (création 2024) qui associe apprentissage de la lecture et système de notation cinétogaphique Laban dans un dialogue entre danse, sculpture et poésie.

Marion Rhéty · Mary Chebbah · Bérengère Valour

Ses projets

Comment « s’enlivrer » pour « s’endanser »

ou la part médiane entre le tout-petit et le tout-adulte

Si le mouvement constitue le flux vivant interne d’un corps, entre un certain repos et une certaine intensité de reprise, comment une image fixe peut-elle dialoguer dans cette fluctuation ? Est-ce qu’un dessin posé sur une page, articulant sensation et idée, peut générer du mouvement, de la relation, de la relation mouvante ? Si oui, comment s’invite ce mouvement dans nos corps déjà mouvants ? Comment, de lui et avec lui, un mouvement se révèle à nous-mêmes, nous donne envie de le rendre visible à l’extérieur, de l’étendre dans l’espace ?

 Et plus spécifiquement, comment des dessins élaborés à partir « du dansé » rencontrent le mouvement des corps ? Comment arrivent-ils par leur potentialité de mouvance à faire rencontre, à faire résonance active, à re-révéler ou amplifier nos mises en mouvement ?

 De là, comment un livre d’images sur la/de danse peut-il venir relier des mises en mouvements de corps ? Et qui plus est les corps d’adulte et de tout-petit ?

 Il s’agira par-là de comprendre quel type de dessin active davantage le mouvement mais aussi de quel « dansé » et de quelles mises en relation il s’agit. Quels sont les liens immédiats ou les signes, les formes, les actions médianes qui s’opèrent ?

 

Amorces.

Cette recherche commence à l’embranchement de deux chemins : celui ouvert par Quadrille et collection dançer et celui emprunté par Ekkis avec Mains mailles mailloches.

En 2017, Quadrille confie à Mary Chebbah et Bérengère Valour l’élaboration de collection dançer, projet d’éditions d’albums graphiques dédiés aux enfants comme adultes curieux de danses. Ainsi, fortes de l’expérience des six premières parutions (et trois à paraître), elles prolongent dans différentes modalités d’action, leur questionnement sur les livres « de danse, sur la danse, à danser », depuis la conception du livre jusqu’à leur édition, puis de la vie du livre par la danse, ou par l’invention de mises en danse par le livre.

En 2022-2023, Boom’Structur accueille le duo Ekkis, deux danseuses, Marion Rhéty et Alice Boivin en résidence de territoire à la crèche des Lucioles d’Issoire. Elles avaient choisi de venir avec une archive de danse, La Danse de la sorcière de Mary Wigman, sur une partition Laban, à la rencontre du monde de la crèche, les enfants, les parents, les professionnelles de la petite enfance. De là sont nées des danses pour s’accorder, jouer de la tension, se raconter et puis des traces comme nouvelles partitions, pour se souvenir ou relancer d’autres danses.

A l’issue de cette résidence, une invitation à croiser les questionnements et les expériences de collection dançer et de cette résidence en crèche, s’est enclenchée entre Marion Rhéty, Mary Chebbah et Bérengère Valour.

 

 

 

 

Lancée.

Prétexte pour interroger « la relation », cette recherche se situe nécessairement au croisement de différents points de vue : du corps, du livre, du mouvement, du tout-petit, de l’adulte, du danseur, du néophyte de la danse, du bibliothécaire…

De là, de nouvelles questions s’entrouvrent : Quelle place pour le corps en mouvement, le corps en conscience, en jeu, dans la petite enfance ? Quelle place pour le livre dans les lieux de la petite enfance ? Dans l’épanouissement de premières années de l’enfance ? Dans la relation petit-enfant/adulte ? Est-ce qu’un livre peut être le relais d’un corps ? Comment un livre peut-il être le relais d’un corps ? Un relais entre les corps ? …

Qu’est-ce qu’un « tout-petit » regardé par un danseur ? Qu’est-ce qu’un « danseur » regardé avec les lunettes d’une attention au tout-petit ? Le tout-petit ayant de nombreux points communs avec le danseur, quelle image de la danse, du mouvement, cette attention réciproque renouvèle-t-elle ? …

Pas à pas, de pas en pas, en pas de côté, nous irons « par l’enquête »

Ainsi, la recherche alternera entre

. des temps d’observation (de ce qui existe déjà)

. des temps de rencontre/échanges (avec des personnes ressources, de terrain…)

. des temps d’exploration (en studio)

. des temps d’expérimentation (dans différents lieux et contextes, dont 1000 formes, la crèche des Lucioles d’Issoire, des médiathèques, chez des assistantes maternelles…).

. des temps de pré-fabrication pour en vue de recroiser temps d’exploration et temps d’expérimentation